Identité

Mme Vanessa DESVAGES-VASSELIN

Adresse :
Université de Rouen Normandie

Rue Lavoisier
76821 Mont Saint Aignan Cedex
Email : vanessa.desvages-vasselin@univ-rouen.fr

Mots-clés

Didactique, clinique, professionnalité, analyse didactique de pratiques scolaires et périscolaires, dévolution, jeu, enseignant, animateur, formel, informel, aménagement de l'espace et apprentissages

Une première partie de mes activités de recherche correspond à mon travail doctoral et aux contributions qui ont suivi ce travail. Ce dernier avait pour objet l’analyse didactique clinique des pratiques de jeux sur le temps scolaire et périscolaire d’enseignants, d’animateurs et d’un ludothécaire. A travers ce travail, je cherchais à comprendre les enjeux professionnels du partage d’un territoire éducatif en questionnant le poids du sujet, son rapport au savoir, au jeu, à l’Autre dans sa pratique effective.

Suite à ce travail et portée par les réflexions menées au sein du groupe de travail du champ transversal 3 du CIRNEF (Changement et structures éducatives), j’ai engagé un travail sur les questions d’aménagement des espaces, en classe et hors classe.  L’enjeu est d’interroger d’une part la place des savoirs dans la réorganisation des espaces mise en œuvre par les professionnels. D’autre part, en continuité avec la recherche doctorale, je cherche à comprendre les enjeux professionnels dans l’évolution des espaces de savoir.

 

Quatre grandes thématiques transparaissent alors:

  • Jeu et apprentissages

Cette question est consacrée aux pratiques de jeu dans un espace dit éducatif et à la dialectique jeu/apprentissage. Le terme jeu est polysémique et recouvre des pratiques très différentes. L’associer au champ lexical de l’éducation ne rend dès lors pas la tâche aisée.  Le croisement entre différents professionnels et leurs pratiques ludiques permet de saisir les diverses manières de penser le jeu et de le mettre en œuvre. Analyser les pratiques ludiques effectives permet de questionner le poids des sujets et de leur histoire sur ces pratiques et de mesurer les écarts entre intentions et mises en œuvre. L’analyse d’une pratique commune comme le jeu permet aussi d’interroger les enjeux professionnels de concurrence ou de complémentarité issus du partage du territoire éducatif.

  • Poids du sujet dans les pratiques éducatives effectives

La prise en compte du sujet dans l’analyse des pratiques didactiques est une réponse à une analyse didactique rationnelle qui pourrait oublier le caractère subjectif de deux des trois objets d’étude du système didactique. Mobiliser le champ de la didactique clinique permet de mesurer le poids du sujet dans la mise en œuvre effective d’une situation et d’identifier la part d’insu qui tend à influencer cette mise en œuvre. D’aucuns trouveront surprenant l’utilisation du champ de la didactique clinique pour analyser les pratiques des animateurs et du ludothécaire. Pourtant analyser les pratiques professionnelles des animateurs du point de vue des savoirs et apprentissages mis en œuvre trouve toute sa légitimité. En effet, les temps périscolaires sont des temps qui se définissent et se revendiquent comme des temps éducatifs véhiculant dès lors savoirs et apprentissages. Concernant le ludothécaire, si celui-ci se revendique comme un non-éducateur, sa pratique effective révèle un sujet assujetti au didactique et légitime dès lors le choix de notre cadre d’analyse.

  • Continuité éducative et construction d’une identité professionnelle chez les animateurs

L’observation et le croisement de pratiques de jeu permet de mener une réflexion sur les enjeux professionnels du partage du territoire éducatif et sur la nécessité d’imaginer des actions ludiques reliées les unes aux autres par une réflexion commune. On peut questionner le principe de continuité éducative voire même le dépasser envisageant aussi pour l’enfant une « discontinuité éducative » (Chopin, 2016, Roucous, 2018) afin de questionner la dimension de loisir et les apprentissages informels dont sont porteuses certaines pratiques comme le jeu.

Il y a fort à parier que les pratiques des uns peuvent alimenter les pratiques des autres et se compléter pour répondre à l’ensemble des besoins de l’enfant (besoin de réflexion, d’interaction, de défi mais aussi de repos, de créativité, d’imaginaire…) Il est nécessaire, dans une réflexion du temps de l’enfant, de dépasser le concept de « l’enfant-apprenant » pour prendre en compte « l’enfant-enfant » (N. Roucous, 2006) et lui permettre de satisfaire « des envies et des plaisirs, ceux du jeu, qui, s’ils ne lui sont pas spécifiques, lui sont essentiels. » (Ibid., p.238).  En ce sens, il est nécessaire de questionner la construction identitaire des professionnels de l’éducation non enseignants tout particulièrement dans le cas d'identités transitoires comme avec les animateurs ou les assistants d'éducation. En effet, questionner le jeu, le loisir, l’éducation informelle au cœur des pratiques autour de l’école entend interroger la reconnaissance des pratiques non formelles et informelles dans cet espace. Il est intéressant de voir comment les éducateurs non enseignants, dans le contexte actuel, construisent et affirment leur identité professionnelle.

 Aménagement des espaces : questionner la forme scolaire, questionner les enjeux didactiques et professionnels.

Si l’on voit se développer actuellement de nombreux échanges entre professionnels sur internet et qu’il existe quelques ouvrages à dimension pratique à destination des enseignants (Diller, 2012, 2015 ; Larcher et al., 2019), un site institutionnel (archiclasse.education.fr), les questions sur la classe dite flexible et plus généralement l’aménagement de l’espace classe restent relativement peu développées dans les travaux scientifiques (Lippman Peter, 2010 ; Barret, Zhang, Davies et Barret, 2015 ; Jeannin, 2017). Jeannin et Jaillet ont impulsé depuis 2010 des travaux de recherche interrogeant l’articulation entre l’architecture des espaces d’apprentissage et les formes d’enseignement, travaux qui invitent à questionner plus précisément la place des savoirs dans l’évolution de l’aménagement ainsi que la posture professionnelle. De même, à l’heure où se développent les concepts de Fab Lab, d’espace partagé ou collaboratif, il est nécessaire de questionner les tiers lieux à l’école, comme la salle d’étude par exemple, et leur rôle dans la diffusion des savoirs.

Retour haut de page